Maroussia : la volonté de survivre et de vivre. De l’ukraine à Gaillac…

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Elle a traversé le siècle depuis 1926, elle a traversé l’Europe au fil des déportations et déménagements, elle a surtout traversé les horreurs de l’Histoire – stalinisme, nazisme -, qui laissent derrière elles tant de morts pour quelques survivants. Maroussia (Marie) KRZEWINSKI vit aujourd’hui à Gaillac dans le Tarn, dans la quiétude familiale et l’amour de son entourage. Ces pages de vie, si chargées de malheurs et d’outrages, son arrière-petit-fils Théo les a racontées avec quelques élèves du Lycée Lapérouse, dans le cadre du Concours National de la Résistance. Elle est née Tsarenko, dans une famille pauvre, appauvrie encore par ce crime d’État que fut la famine d’Ukraine, orchestrée en 1932 par Staline, l’ «holodomor», le génocide de la faim. Le père meurt jeune de la tuberculose, le frère de Marie aussi, à l’âge d’un an. Quand arrive la guerre en 1942, Marie est déportée en Allemagne, dans une annexe du kommando agricole de Büchenwald. Des journées interminables à rentrer le foin ou les patates, des humiliations diverses (mutilantes parfois comme ce coup de fourche dans la cuisse), une assiette de purée à l’eau par jour et un pain de châtaigne par semaine.

Une autre vie

La rencontre d’Anton KRZEWINSKI la sauve : il lui apporte tous les jours la pomme volée, l’encouragement et l’amour. Elle l’épouse quand les Américains libèrent le camp et fait avec lui le choix de l’Ouest plutôt que du retour en Ukraine. Anton part mineur dans le Pas-de-Calais, elle le rejoint, cinq enfants naissent à Douai, dont Cécile, qui habite Gaillac. Après la mort d’Anton, en 1968, Marie décide de revoir Ekaterina, sa mère.

Elle la retrouve dans un hôpital en 1973, après 32 ans de séparation. Peu de temps après son retour en France, elle apprend le décès d’Ekaterina. Marie KRZEWINSKI ne passe pas un jour sans penser aux affres du passé, mais elle les surmonte, vit dans son «château», un petit appartement dans une barre HLM. Elle aime voir le soleil se lever, goûter le spectacle de la nature, elle marche, fait seule ses courses, son ménage et sa cuisine. Maroussia-Marie, force de la Nature, plus forte que les terreurs rouge et brune. Forte comme la vie.

Source : La Dépêche du Midi, article paru le 11/06/2017