Le monastère de l’Annonciation au Cateau

Les Bénédictines de MOUSTIER évoquent leur passage à Le Cateau et leur vie aux côtés de la communauté ukrainienne qui avait acquis cet endroit pour en faire un centre de vacances, un lieu de rassemblement. L’article a été retranscrit mot pour mot afin d’en faciliter la lecture. Des photos d’époque ont été ajoutées afin d’illustrer les propos. Date et source de l’article inconnues


Pendant 9 ans, du 1er juillet 1959 au 16 mars 1968, la propriété dite des Ukrainiens, abrita notre communauté de Bénédictines Olivétaines de la formation Vita et Pax dont la maison-mère se trouve en Belgique, non loin d’Anvers.

C’est le Révérend Père Narozniak qui vint un jour frapper à la porte de notre prieuré belge pour demander quelques soeurs qui puissent être présentes auprès des Ukrainiens catholiques qui se trouvaient disséminés dans le Nord, en particulier autour du Cateau. Notre connaissance du rite byzantin devait leur permettre de retrouver dans ce Monastère du Cateau leur tradition liturgique, et nous avions mission également d’accueillir dans le « pavillon « situé dans la même propriété, des jeunes filles ukrainiennes pour le temps de leurs études secondaires au Pensionnat des Soeurs Augustines.

Dès le premier jour de notre arrivée commença la colonie de vacances des enfants ukrainiens. Des mamans faisaient la cuisine, des aînées étaient monitrices avec Soeur Danielle, notre oblate.

Nous avons donc vécu rue du faubourg de Landrecies, au milieu d’un jardin plein d’arbres fruitiers, de fraisiers et de rhubarbe dont certains pères de familles d’aujourd’hui doivent garder quelques souvenirs nostalgiques.

Au fond du couloir il y avait la chapelle byzantine avec iconostase*. De part et d’autre de ce couloir, un réfectoire et la cuisine, plus en avant un parloir et une petite pièce qui servait de réfectoire pour l’Aumônier. A l’étage : des chambres réparties en cellules de moniales ou chambres d’hôtes, un rideau au milieu du couloir faisait le partage. Egalement une salle de communauté et une salle de repassage, de couture, etc…

Dans une autre dépendance perpendiculaire au bâtiment principal, il y avait le logement du Père Aumônier, la buanderie et deux pièces qui servirent tout d’abord d’atelier d’icônes avant que celui-ci ne soit transféré auprès des cellules.

Dans le jardin, il y avait le « bois » qui faisait une très jolie promenade, la « colline » surmontée d’une croix en mosaïque fait de débris de faïence. La colline était creuse et recélait un puits. Plus bas dans le jardin : une grotte statue de Saint François, rappel du temps où la propriété avait abrité un Couvent de Capucins. De l’autre côté de la colline, c’était le « pavillon » où se retrouvaient les Ukrainiens. Enfin devant le Monastère, côté rue, un très gros saule pleureur.

Un dimanche par mois les Ukrainiens, se réunissaient pour une Divine Liturgie, comme on appelle l’Eucharistie dans le rite byzantin. Chaque jour nous-mêmes avions cette Liturgie ou bien une Messe latine, tandis que les offices de Matines, Sexte, None, Vêpres et Complies étaient toujours de rite byzantin. la cloche sonnait un peu avant au petit clocher de la chapelle.

Le dimanche à 9h, les enfants du quartier Mortier venaient chez nous à la Messe, que célébrait le Père Van der Maele ; Soeur Danielle leur apprenait les chants et nous nous répartissions au milieu d’eux en veillant à ce que chacun suive bien. Ils revenaient le jeudi pour le catéchisme.

Il y eut les jours exceptionnels qui ressemblaient des Ukrainiens venus de loin, avec la visite de leur exarques (évêque) de Paris qui pouvait être accompagné d’un autre prélat venu d’Angleterre ou du Canada. La liturgie magnifiquement chantée était alors suivie d’un repas au pavillon où l’évêque mangeait avec son peuple. Ce repas était l’occasion de plusieurs discours  où chacun rivalisait d’éloquence, et suivi de danses populaires, chants et poésies ; certains y excellaient.

Il faut ajouter que le Monastère avait reçu à son érection la bénédiction du Pape JEAN XXII qui avait à coeur de favoriser pour les Ukrainiens en exil le maintien de leur tradition liturgique et culturelle.

Le bail durait 9 ans, mais cette forme de location  ne pouvait malheureusement pas permettre les travaux d’aménagement qui s’avéraient de plus en plus urgents. Dans le même temps une possibilité s’offrait à nous de nous installer à MOUSTIER EN FAGNE, ce qui nous permettait de rester dans le diocèse et de continuer l’oeuvre monastique inaugurée en 1962 par les moines bénédictins originaires du BONVERET (suisse), qui nous invitaient à prendre le relais.

De fait une page se tournait. Une autre étape commençait. Les Catésiens et les Ukrainiens sont souvent venus nous voir ici à MOUSTIER. Ils gardent tous une très grande place dans notre coeur et notre prière.

Les Bénédictines de MOUSTIER

(Source et date inconnues)

*paroi supportant les icônes et délimitant le sanctuaire.

POUR EN SAVOIR PLUS SUR LE CATEAU DES UKRAINIENS