Au Cateau : un centre spirituel, culturel et politique pour les Ukrainiens du Nord (1955-1975)


© Maria DENYSENKO. La maison des Ukrainiens à Le Cateau

Lorsqu’on traversait la commune de Le Cateau dans les années cinquante, en direction de Mézières-Charleville, en haut du Faubourg de Landrecies, on apercevait derrière un mur de clôture, dans un grand jardin, ce qui ressemblait à un couvent ainsi qu’un très petit château : cette propriété avait appartenu aux Capucins de Cambrai et était inoccupée.

Les Ukrainiens, sous l’impulsion de leur aumônier, le Père Zinovij NAROZNIAK, l’acquirent en 1955.


©  Christine KOHUT. Le Père  Zinovij NAROZNIAK dans les années 50.

On recensait alors, autour de Le Cateau, une quarantaine de familles ukrainiennes connues, éparpillées dans les villages avoisinants. Leur aumônier les regroupait régulièrement pour des Liturgies dans les églises latines. Mais l’abbé NAROZNIAK, formé au séminaire avec les principes éducatifs et théologiques du grand Métropolite CHEPTYTSKIJ[1],  portait en lui la conviction qu’il fallait un lieu où regrouper toutes les forces vives de la diaspora du Nord et des départements avoisinants afin que fussent perpétrées la mémoire, la culture du peuple ukrainien ainsi que l’originalité du rite gréco-catholique ukrainien en ce qui concernait l’aspect religieux.

Le dernier Dimanche de septembre 1955, la ville de Le Cateau vit un cortège inhabituel partir de l’abbatiale Saint Martin, après la Liturgie, avec des drapeaux écrits en cyrillique, et traverser la ville pour se rendre dans l’ancien couvent des Frères Capucins. Les Ukrainiens, avec le Père NAROZNIAK, et une délégation venue de Paris, prenaient possession de ce lieu qui rayonna pendant plus d’une décennie. L’œuvre débutait. L’ancien couvent devait accueillir des religieux, l’ancien pavillon de chasse, nommé Foyer André CHEPTYTSKIJ, était destiné aux activités culturelles, politiques et sociales.

Il fallut encore trois ans de travail au Père NAROZNIAK avant que Le Cateau n’accueillît sa première colonie de vacances « ukrainienne » en 1958. L’encadrement des deux premières colonies était constitué de deux religieuses ukrainiennes venues de Paris et de jeunes moniteurs d’origine ukrainienne. Il y avait également des éducateurs venus d’Angleterre où la diaspora ukrainienne était plus nombreuse et déjà très organisée sur le plan culturel et politique.

 

LES JOLIES COLONIES DE VACANCES….

© Maria DENYSENKO. Les enfants des immigrés en colonie de vacances à la maison des Ukrainiens à Le Cateau

Ainsi le Foyer André CHEPTYTSKIJ reçut pendant dix étés des enfants de la diaspora du Nord principalement, notamment de Lille et de Roubaix, du Pas-de-Calais, de la Somme et aussi des environs de Le Cateau. Organisées par le Père NAROZNIAK, les colonies avaient pour but non seulement le repos et les loisirs—marches dans la campagne, piques-niques, jeux, veillées et feux de camp—mais aussi et avant tout la transmission de la langue, de l’histoire et de la culture ukrainiennes.

Tous les matins, les petits colons—mais c’était une autre époque—assistaient à la Liturgie, manière d’apprendre le rite ukrainien. Les journées étaient organisées de façon à permettre les apprentissages le matin et la détente l’après-midi. Des moniteurs et adultes dispensaient des leçons  de langue ukrainienne, un peu d’histoire mais aussi de danse folklorique et de broderie. Nous avons encore en mémoire « Pani » —Madame en ukrainien— HOSEJKO pour ces deux dernières activités. Les chants, souvent puisés dans le folklore et enseignés par le Père NAROZNIAK permettaient d’apprendre des éléments propres à la culture ukrainienne : qui étaient Koupalo[2], les Hajdamakhys[3]

Les colonies de vacances se terminaient toujours par un spectacle que donnaient les participants aux parents et amis qui venaient les rechercher. Ce spectacle comportait non seulement des chants et des danses  folkloriques mais aussi pour ceux qui pratiquaient l’ukrainien chez eux la déclamation de poèmes de Taras CHEVTCHENKO[4], Lesia OUKRAÏNKA[5] ou Ivan FRANKO[6] : premiers contacts avec la littérature…


© Maria DENYSENKO.

 

DES UKRAINIENS AUX COTES DE LA COMMUNAUTE DES SOEURS BENEDICTINES OLIVETAINES

Le 1er juillet 1959 vit l’arrivée d’une petite Communauté de Sœurs bénédictines Olivétaines de la maison-mère Vita et Pax près d’Anvers. Toujours mû par l’idée et le désir de garder et de faire connaître à cette terre d’accueil qu’était le Nord de la France le rite gréco-catholique ukrainien, le Père NAROZNIAK avait cherché et trouvé en Belgique cette Communauté de Bénédictines qui connaissaient le rite byzantin et que certaines de leurs religieuses  pratiquaient.

© Maria DENYSENKO. Titre d’un article, source et années inconnues

L’ancien couvent des Capucins abritait maintenant des religieuses dont la mission était de permettre aux Ukrainiens de perpétrer leur tradition liturgique, et aussi d’accueillir quelques jeunes filles qui étudieraient dans le collège des Sœurs Augustines de Le Cateau, la journée, et qui rentreraient le soir au Foyer CHEPTYTSKIJ, situé dans le pavillon. Soeur Danièle, oblate bénédictine, non contemplative les entourait et les encadrait.

© Maria DENYSENKO.

L’idée du Père NAROZNIAK était toujours la même : sans éducation, sans études d’un bon niveau, sans transmission, il serait impossible de garder l’originalité de la culture ukrainienne et celle du rite de son église qui était persécutée et réduite au silence en Ukraine, dans les goulags et les camps de la mort près du cercle polaire[7].

Aussi, le Père forma-t-il ces toutes jeunes filles—groupe de huit à neuf—à chanter la Liturgie. Il tapa manuellement la traduction de la Liturgie en français, la phonétique de l’ukrainien pour les réponses des fidèles et assembla des livrets sur la mélodie élaborée et plus ancestrale appelée « Mélodie de Kiev ». Ainsi, ce groupe de jeunes filles accompagné de Sœur Danièle, sillonna, les Dimanches, bien des églises de la région pour chanter la Liturgie que célébrait le Père NAROZNIAK, non seulement dans la tradition du rite gréco-catholique ukrainien mais aussi avec la « Mélodie de Kiev », à trois voix, afin qu’elle ne fût pas oubliée.

© Maria DENYSENKO.

Après la Liturgie, les jeunes filles étaient souvent reçues dans les familles françaises pour un repas. C’était l’occasion de parler de l’Ukraine, bien souvent une découverte pour les habitants du Nord qui n’imaginaient pas que les Ukrainiens possédaient non seulement une langue, une histoire, une culture, une littérature propres, mais aussi un rite liturgique différent. Du haut de leur jeune âge—douze à quinze ans—elles étaient les ambassadrices d’un pays et d’une église réduite au silence.

 

1960 sur TF1 : RETRANSMISSION DE LA LITURGIE UKRAINIENNE :
POUR LES UKRAINIENS, UN DEMARCHE RELIGIEUSE ET UN ACTE POLITIQUE

Un grand événement religieux eut lieu le 6 juin 1960 en l’Eglise Sainte Maxellende de Caudry, à une dizaine de kilomètres de Le Cateau. Ce jour-là affluèrent non seulement les Caudrésiens mais également bien des Ukrainiens du Nord. Conscient de sa mission de prêtre et du témoignage à porter pour l’Eglise gréco-catholique ukrainienne dans les « catacombes » du système soviétique, le Père NAROZNIAK réussit à organiser une Divine Litrugie qui serait transmise sur l’UNIQUE CHAINE PUBLIQUE française, TF1, à l’époque.

C’est la Chorale  des hommes de la ville d’Utrecht de Hollande qui chanta la Liturgie. Cette chorale très connue, qui donnait également des concerts profanes de haut niveau, étaient composée uniquement de Hollandais mais dirigée par un chef de chœur ukrainien, Pan (Monsieur en ukrainien) ANTONOVYTCH.

© Christine KOHUT

L’événement fit grand bruit alentour mais aussi dans toute la France : c’était la première fois que l’Ukraine, par le biais de la Liturgie, avait une telle audience.

 

LES ICÔNES, LES EXARQUES[8], LES VISITEURS

La Communauté de religieuses bénédictines du Monastère de l’Annonciation tel qu’on l’avait nommé possédait également un atelier d’icônes : y peignaient, selon le style byzantin traditionnel, Mère Prieure Ludgarde et Sœur Elisabeth. L’icône du Christ et de la Vierge de l’iconostase de Le Cateau se trouvent aujourd’hui à Croix où la Liturgie est célébrée chaque Dimanche[9].

© Maria DENYSENKO. lcônostase de la chapelle se trouvant dans la maison des Ukrainiens à Le Cateau

Le Monastère de l’Annonciation ne servait pas seulement les Ukrainiens mais également la population locale. Le Père VAN DE MAËLE, aumônier des religieuses, célébrait la messe latine pour les habitants du quartier. Le Monastère recevait également de nombreux visiteurs et groupes étudiants intéressés par le rite byzantin.

© Maria DENYSENKO.

Enfin, le monastère et foyer CHEPTYTSKIJ reçurent de nombreuses fois l’exarque de Paris, des prêtres ou dignitaires de l’église ukrainienne venus d’Angleterre et du Canada : c’était l’occasion pour les Ukrainiens de se rassembler largement et d’organiser des banquets où chants, danses folkloriques et déclamations permettaient de témoigner du désir de sauvegarder leurs racines.

 

LE DEPART DES SOEURS

Les religieuses étaient venues le 1° juillet 1959 avec un bail de 9 ans. Cette forme de bail, renouvelé selon la même forme, n’aurait pas permis d’investir dans les travaux immobiliers nécessaires. Elles ont quitté Le Cateau le 16 mars 1968.

 

LES ACTIVITES POLITIQUES, SYNDICALES ET CULTURELLES

A Le Cateau, puisqu’il y avait « une maison »,  les gens pouvaient se rassembler. Mais, si le foyer fut nommé « CHEPTYTSKIJ », c’est que ce grand Métropolite, dans son projet religieux, était soucieux non seulement de l’éducation religieuse de son peuple mais militait pour une élévation du niveau  de son peuple dans tous les domaines : scientifique, artistique, culturel, politique.


© Christine KOHUT. Etendards déroulés sur la façade du théâtre de Lviv en 2015 :
« 1865-1944, Métropolite André CHEPTYTSKIJ, 2014-2015. J’ai toujours prié pour notre Ukraine, pour le peuple ukrainien… Mon Dieu, sauve l’Ukraine ! Métropolite André »

Bien des membres de la diaspora autour de Le Cateau, étaient affiliés à l’Organisation des Ukrainiens de France. Ils possédaient des cartes de membres et organisaient des Fêtes nationales. Comme ils n’avaient pas d’intellectuels parmi eux, ils faisaient venir de Paris des personnes qui leur donnaient des discours sur des faits historiques : surtout sur l’Etat ukrainien qui s’était formé dans les temps révolutionnaires de 1917-1920, puis sur les leaders politiques des années quarante tels que KONOVALETS ou BANDERA. Les réfugiés politiques ne rêvaient que d’une Ukraine indépendante…

Le journal « Chliach Peremohy » (le chemin de la victoire) édité à Munich en Allemagne

Monsieur VERNYHORA, ingénieur travaillant comme  ouvrier à l’usine Colgate dans la banlieue parisienne (statut de réfugié oblige…) et Monsieur WITOCHYNSKYJ, rédacteur au journal en ukrainien « Chliach Peremohy » – soit le chemin de la victoire, en français –  vinrent à plusieurs reprises de Paris. D’autres aussi dont on n’a pas retenu les noms. Cela maintenait ou formait la conscience politique des auditeurs. Des membres de l’Organisation des Ukrainiens de France circulaient avec des listes pour des dons tant pour l’organisation politique que pour maintenir les deux journaux les plus lus dans la diaspora : « Chliach peremohy », le Chemin de la victoire, et « Oukraïnske Slovo », La Parole ukrainienne.

Le journal « Oukraïnske Slovo » (La Parole ukrainienne) édité à Paris

Le Foyer André CHEPTYTSKIJ permettait rencontres et  confrontations politiques… mais aussi fêtes. Aucune fête historique, si sérieuse fût-elle, ne se terminait sans chants, violon ou harmonica, et danses.

Monsieur Ivan POPOVITCH, président de la section ukrainienne de la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens est également venu à Le Cateau. Il voulait que les travailleurs soient prêts et que le jour où l’Ukraine serait libre, ils soient une force non seulement pour la nation ukrainienne mais aussi une force « internationale ». Cela avait beaucoup marqué ceux qui l’écoutaient.

Enfin, on ne compte plus le nombre de fêtes de Chevtchenko ou en l’honneur de l’Etat ukrainien indépendant  qui furent données, avec le concours du Père NAROZNIAK pour la sélection des poèmes et des chants.

Dès qu’ils eurent des voitures les membres de la diaspora se rendirent dans les autres communautés ukrainiennes, dans la Somme, à Fricourt, à Lille et Roubaix, pour honorer leurs célébrations. Il faut  souligner la conscience politique qui les animait et leur implication dans la transmission  de l’amour pour leur pays.

Le Cateau, ce fut aussi jusque dans les années soixante-dix les « kolyiadys », tradition de Noël où les familles se rendaient les unes chez les autres pour chanter la naissance du Sauveur et le célébrer dûment avec force zakoukys et…vodka. Comme c’était joyeux…

 

LES DERNIERS GRANDS EVENEMENTS : 1970, 1972

Les religieuses parties, le « couvent » était inoccupé et le Foyer pouvait également rester inoccupé durant des semaines. Les enfants, de petits qu’ils étaient en 1955, étaient maintenant devenus des adultes : professionnels ou étudiants, ils s’éloignaient de la petite ville qui commençait à décliner sérieusement. Aucune immigration nouvelle, à cause de la politique soviétique, n’était venue renouveler la diaspora locale.

Le domaine immobilier était financièrement très difficile à restaurer : les petites manifestations culturelles et le denier du culte ne pouvaient supporter les millions, en ancien francs, de travaux de rénovation. Nous possédons un courrier du Vatican, écrit de la main du Métropolite SLIPYJ[10], le 14 janvier 1971, qui se demande comment on pourrait « maintenir » Le Cateau… Lui qui avait construit Sainte Sophie ainsi que l’Université Catholique à Rome se rendait compte que l’affaire était compliquée.

Justement, la visite du Métropolite SLIPYJ à Le Cateau, l’été 1970 fut l’un des derniers grands événements de ce centre.

© Maria DENYSENKO.
Le Métropolite Josyph SLIPYJ lors de sa visite à la maison des Ukrainiens à Le Cateau

Lorsqu’il sortit de la voiture qui l’amenait, ceux qui l’attendait virent une silhouette imposante se déployer et poser des yeux d’un bleu extraordinaire sur chacun d’eux avec l’impression qu’il sondait leurs âmes. Dix-huit ans de goulag, le passage par le camp de Mordovia, le plus effroyable, n’avait brisé cet homme ni physiquement ni spirituellement. Chaque communauté, si petite était-elle—nous n’étions qu’une quarantaine avec les Sœurs revenues pour l’occasion, l’Evêque de Cambrai, deux prêtres, un ou deux journalistes—  était son peuple, il la visitait, elle représentait ce grand peuple ukrainien dont il espérait la renaissance.

Un dernier grand rassemblement religieux eut lieu en 1972, réunissant des prêtres et fidèles de la diaspora  du Nord de la France et de Belgique.

Puis ce fut la cession à  la ville en 1975.

QUE RESTE-T-IL AUJOURD’HUI DE LE CATEAU ?

Il faut tout d’abord rendre hommage aux cinq membres fondateurs qui, avec le Père NAROZNIAK, osèrent entreprendre un tel projet : trois d’entre eux étaient ouvriers agricoles, un était maçon, un autre ouvrier en usine. Ils donnèrent la mise de fonds.

Le Cateau rayonna pendant une décade  dans la diaspora ukrainienne ; cet espace fit connaître l’Ukraine aux Français et témoigna pour l’Eglise gréco-catholique ukrainienne.

Si les bâtiments n’existent plus, peut-être quelque chose de plus immatériel perdure ; une histoire, une culture, une spiritualité qui se sont faits connaître, un pays qui a émergé à la connaissance de ceux qui ne le connaissaient pas.

Maria DENYSENKO

 

Pour en savoir plus…
Des articles de presse qui parlent du Cateau des Ukrainiens :


NOTES :

[1] André CHEPTYTSKIJ (1865-1944) fut métropolite de l’Église grecque-catholique ukrainienne de 1900 à sa mort. Son message principal fut  l’indépendance politique, culturelle et religieuse de l’Ukraine.

[2] Koupalo est dans la mythologie slave un dieu du soleil, de la réincarnation et de la purification par l’eau. Son nom a donné lieu à la fête très populaire d’Ivan Koupala (que l’on compare en France, à la fête de la St Jean)

[3] les Hajdamakhys sont des groupes de Cosaques

[4] Taras CHEVTCHENKO (1814-1861) est considéré comme le plus grand poète et le chantre de la culture nationale ukrainienne.

[5] Lesia OUKRAÏNKA (1871-1913) était une écrivaine et poétesse ukrainienne, activement engagée en politique et pour le droit des femmes.

[6] Ivan FRANKO (1856-1916) écrivain et poète, il fut également critique littéraire et social, journaliste, économiste, militant politique et traducteur. Il est le fondateur du mouvement socialiste en Ukraine. Avec Taras CHEVTCHENKO, il est l’un des auteurs les plus influents des XIXe et XXe siècle en Ukraine.

[7] L’église gréco catholique Ukrainienne interdite par Staline en 1945 ne sera réhabilitée qu’en 1989.

[8] Dans les églises d’Orient, l’exarque est un évêque qui a reçu mission de représenter un patriarche

[9] 2 icônes qui se trouvaient à Le Cateau sont aujourd’hui dans la chapelle de la maison de repos les Orchidées 39, rue Jean-Baptiste Lebas à Croix

[10] Josyph SLIPYJ (1892-1984) fut le successeur d’André CHEPTYTSKIJ. Après avoir été interné près de 20 ans dans les goulags soviétiques, Joseph SLIPYJ fut libéré qu’en 1963 sur les instances du pape Jean XXIII et du président américain John Kennedy. Expulsé d’URSS, il vivra à Rome jusqu’à sa mort.